
Il y a peu de temps le très célèbre Yo-Yo Ma, et en guise de message de confort et d’espoir au monde qui souffre d’une atroce pandémie qui a emprisonné le globe terrestre tuant des proches, des bien-aimés et parfois malheureusement des familles entières, a enregistré l’immortel « Ol’ Man River », accompagné par Kathryn Stott, une pianiste classique anglaise qui joue en tant que soliste de concerto, récitaliste et chambriste, et dont les spécialités comprennent surtout le répertoire classique anglais et français, la musique classique contemporaine et le tango.

Grove Music Online a décrit le jeu de Kathryn Stott comme “marqué par un sens vif de l’immédiateté et de la communication personnelle alors que The Times l’a décrite comme “l’une des pianistes les plus polyvalentes du circuit”.
Revenant à « Ol’ Man River », cette chanson écrite par Oscar Hamm Erstein II, sur une musique de Jérôme Kern, datant de 1927, a été le thème de la comédie musicale Show Boat, qui raconte la triste histoire et la lutte des travailleurs afro-américains, du point de vue d’un docker noir.

Cette lutte avait commencé après la guerre de Sécession (1861-1865) et s’est concrétisée par le Mouvement des droits civiques aux États-Unis dans le but de l’obtention et la jouissance de leurs droits civiques.
« Ol’ Man River » est considérée comme un classique de la chanson américaine et nombre de musiciens et groupes ont repris cette chanson, comme Bing Crosby, Frank Sinatra, Ray Charles, Django Reinhardt, Paul Robenson, Ruth Brown, John William, Nino Ferrer, Sammy Davis Jr, et Art Pepper.
A lire tout simplement ses paroles, on est extrêmement touché par le profond chagrin et la bataille de ces pauvres créatures qui furent si longtemps maltraités et le sont toujours à cause d’une futilité : la couleur de leur peau.

« Ici, nous travaillons tous le long du Mississippi,
Ici, nous travaillons tous tandis que les blancs s’amusent,
Tirant les bateaux de l’aube au coucher du soleil,
Sans connaître de repos jusqu’au jour du jugement dernier.
Ne regarde ni en haut ni en bas,
Tu ne peux prendre le risque de mécontenter le patron blanc,
Plie les genoux, courbe la tête,
Et tire cette corde jusqu’à la mort.
Laisse-moi partir loin du Mississippi,
Laisse-moi partir loin du patron blanc,
Montre-moi ce fleuve qu’on appelle le Jourdain,
Ce vieux fleuve que je languis de traverser.
Sacré bonhomme de fleuve, sacré bonhomme de fleuve,
Il doit bien savoir quelque chose,
Mais il ne dit rien,
Il suit simplement son cours,
Il coule imperturbablement.
Il ne plante pas de pommes de terre,
Il ne plante pas de coton,
Et ceux qui les plantent sont vite oubliés,
Et ce sacré bonhomme de fleuve,
Lui, suit tranquillement son cours.
Vous et moi, nous suons et trimons,
Le corps endolori et rompu de fatigue,

Halant les chalands, soulevant les balles,
Et pour un verre de trop tu te retrouves au cachot.
Je suis las et malade d’épuisement,
Fatigué de vivre et j’ai peur de mourir,
Et ce sacré vieux bonhomme de fleuve poursuit imperturbablement son cours.»