La municipalité de Barbara en évolution

Toujours souriant, ambitieux et dynamique, Ralph Nader, le maire de Berbara, m’a raconté qu’il est né à Petronine dans le Koura, où sa famille possèdait une école fondée par son oncle.

Là, il a vécu jusqu’à l’âge de trois ans puis sa famille et lui-même ont été contraints, au début de la guerre, à quitter leur village pour fuir les massacres (des amis ont dû le cacher avec ses frères et sa sœur dans des valises jusqu’au navire qui les transporta en compagnie de ses parents, de Tripoli jusqu’à Tartous en Syrie puis de Tartous à Jounieh, pour enfin arriver à Berbara où il a grandi).

De son enfance, il se rappelle surtout de ces matinées passées à courir dans les champs, sautant dans les vergers, jouant sur son skateboard sans se soucier du danger des chutes.

Tous ses souvenirs l’ont attaché à son village natal et son souci de protéger la nature de ce village et de sauvegarder son environnement, l’ont poussé à se porter candidat à la mairie, car il considère que la performance de son antécédent a été préjudiciable à la nature et à l’environnement de Berbara : son antécédent n’a fait que couper les arbres et les remplacer par du béton; même les sièges des lieux publics étaient faits de cette matière déformante de la nature.

Sa passion pour l’environnement et l’animal l’a incité à encourager les habitants de sa région et de même tous les Libanais, à devenir plus tolérants à l’égard des animaux et cela à travers un court film qu’il a lui-même produit, ce qui poussa un membre de la police de Berbara à secourir un aigle victime d’un chasseur irresponsable et à prendre soin de lui avant de lui rendre sa liberté.

Monsieur Nader m’a assuré que le reboisement de 35 000 arbres pour remplacer ce qui a été coupé est le projet qui lui est le plus cher. Il m’a également confirmé qu’il ne remplissait pas simplement un poste à la municipalité, mais qu’il y réalisait ses rêves et tout ce qu’il souhaite pour son village ; c’est pourquoi les membres du conseil municipal et lui-même ont aménagé une route spéciale pour les amateurs de cyclisme afin d’éviter tout risque d’accident routier. Il a également mis en place un parc public où les villageois peuvent se rencontrer et organiser leurs pique-niques car à Berbara, il est strictement interdit de pique-niquer dans les forêts du village et ceci pour éviter les incendies que lui et des volontaires du village ont souvent soutenu les sapeurs-pompiers de la défense civile pour les éteindre.

Il a également encouragé les gens à pratiquer la marche en leur créant un circuit santé dans le jardin public et y a aménagé un appareillage spécial exercices cardio-vasculaires.

Aussi a-t-il installé une bibliothèque de lecture dans le parc même, pour les amateurs de livres.

D’autre part, et puisqu’ il est bien connu qu’une économie prospère repose sur la productivité et non seulement sur le tourisme, le jeune maire a adopté la création d’un guide professionnel, qui fut financé par des sponsors publicitaires, destiné à tous les établissements professionnels du village, afin de faire évoluer l’économie. Ce guide sera distribué dans toute la région et aura une application en ligne que tout citoyen pourra utiliser.

L’un de ses derniers projets est le marché du village, qui sera situé sur l’autoroute de Tripoli-Beyrouth, sur un terrain que les habitants aisés du village ont légué au profit de la population. Sur ce marché quotidien, les gens du village vendront leurs produits : lainage, paniers en osier, poisson, figues, etc…sans payer de loyer.

Parlant de la décentralisation administrative, il considère que son blocage paralyse le pays et que cet obstacle est dans l’intérêt des chefs de l’État car ils gèrent les projets en fonction de leurs intérêts. C’est pourquoi, il fut critiqué pour avoir nettoyé le terrain des éoliennes, contenant des gravats et du fer rouillé causant de nombreuses maladies, notamment le tétanos.

Avant de me quitter, il m’a dit de son ton juvénile: « Si un jour, et par miracle la décentralisation administrative est accordée, je peux vous assurer que la municipalité de Berbara pourra soigner gratuitement tous les malades du village en moins d’un an et en trois ans, enseigner gratuitement tous ses enfants. » Puis, il est parti en hâte, après avoir pris congé de moi car il devait rendre visite à un malade et payer sa facture d’hospitalisation.