Le paradis perdu de Ryan Eid

Dès notre arrivée au monde, une main invisible se tend et nous comble de dons et de talents qui restent enfouis jusqu’au moment où ils éclatent comme une étincelle. Ce moment peut être un moment de joie ou d’amour, mais il peut aussi être une étape douloureuse de solitude, de perte et de rupture.

Il est difficile pour un enfant de vivre la solitude et la perte. C’est exactement ce qu’a expérimenté l’artiste peintre Ryan Eid en son jeune âge.

Ryan Eid a vécu cette situation à l’école, où il a été confronté à l’absence d’amour, à la violence et aux abus verbaux et physiques que les élèves de sa classe avaient l’habitude de se traiter les uns les autres. Ces sentiments s’opposaient avec ce qu’il avait connu au foyer ; la chaleur de l’amour, la tendresse et la sécurité.

Lui, qui rêvait retrouver, dans l’enceinte de cette école, les mêmes sentiments profonds lesquels sa mère l’entourait avec, ce fut le choc, alors il s’éloigna et s’isola.

Pour exprimer cette déception et cette douleur, il s’est retrouvé avec des crayons et un carnet de dessin ; ses confidents et ses compagnons, leur révélait ses plaintes et ses amertumes lorsque sa mère et son étreinte chaleureuse étaient loin.

Ce talent a poussé comme un grain de blé dans un sol fertile, poussant des épis dansant sur des tableaux qui renfermaient tous les traits d’une enfance volée par le temps. Ce temps qui tourne dans des cercles vicieux, nous volant l’âme et l’esprit, essayant de kidnapper notre existence.

Mais Ryan Eid, avec sa spontanéité et sa douceur enfantines, a trouvé un remède propre à lui ; il l’a réglé d’un coup de pinceau et l’a cloué sur la toile, sollicitant ce qu’il a vécu dans le paradis de son enfance au sein de sa famille, se vengeant de ce qu’il a enduré dans l’enfer de son école.

Ainsi, nous constatons que ses couleurs vives et scintillantes reflètent les moments de joie qu’il a passés à jouer avec sa tante, cette héroïne, qui l’entourait de son rire innocent et de son affection angélique, lui apprenant à exprimer ce qu’il ressentait là où les mots s’étaient éteints.

Quant aux mutants, monstres et robots, il leur a créé une place qui incarne la laideur de ce qu’il a dû éprouver à cause de l’insolence du harcèlement de ses pairs, même s’il ne l’a pas subi personnellement. Reste que la pureté des sentiments de l’enfant Ryan, l’a enregistré dans sa mémoire qui, malgré les jours, n’a pas pu les effacer.

Et c’est ainsi que son talent les a inscrits sur des toiles artistiques qui ressemblent à des âmes marquant leurs traces dans l’esprit du spectateur.