
Au cours de ma visite à l’atelier de monsieur Claude Saksouk, une toile a attiré mon attention. Elle représentait un sans-abri. C’est surtout le regard du mendiant, que j’ai trouvé remarquable. Au fait, les yeux et surtout le regard du personnage ressemblaient beaucoup à ceux du peintre. Alors, j’ai conclu que cela peut être un autoportrait qui le présente de face, en gros plan, et le regard plongeant dans celui du spectateur. Ses yeux sont écarquillés, son regard sombre reflétant un infini personnel et mouvant.
Dans ce tableau, Saksouk utilise des coups de pinceau puissants : il le fait pour donner un sens géométrique au portrait et donner ainsi à la physionomie du mendiant plus de force et de puissance. La pâleur du front peint au jaune contraste avec les couleurs plus foncées du reste du visage, de la barbe et des longues moustaches, le tout renforcé par quelques touches en rouge sur le nez et sur la paupière de l’œil sans oublier les touches en blanc. Le fond jaune, violet et glauque : cet élément met en relief le visage du personnage en soulignant encore une fois le regard, élément principal de la toile.
La source lumineuse vient en plongée, sur la gauche, et accentue les contrastes, en illuminant une partie du visage.
Ce portrait peut s’inscrire dans une tendance préromantique à cause de son approche romantique attachée à l’expression de l’émotion qui se mire dans le regard du personnage.
J’ignore si le titre de cette toile « Sans-abri » qualifie l’accablement du personnage et sa profonde déception de la vie et donc de l’artiste ou bien s’il s’agit d’une simple tendance de l’artiste de peindre les miséreux, les personnes en marge de la société. Mais en les exaltant, Claude Saksouk s’enfonce de plus en plus dans leur vie de misère, d’abattement et de malheur.